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18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 07:00

Publié aux Défis Du Samedi sur le thème: Chien et chat

 

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C'est pas ma faute, je suis comme ça depuis tout bébé, je dors en chien de fusil.

Je n'ai pourtant jamais été chasseur et je les ai même en horreur.

Aussi quand - dès potron-minet - la caravane des prédateurs du canton est passée sous mes fenêtres, je n'ai fait qu'un bond hors du lit.

D'habitude quand la caravane passe, le chat miaule - comme dans le dicton - mais pas cette fois-ci!

Je reconnais que mon chat a du chien et je n'ai qu'une crainte c'est qu'il rejoigne un jour la meute par je ne sais quelle envie d'aller jouer à chien perché dans les bois.

Je tiens beaucoup à ce petit compagnon que j'avais eu un mal de chien à trouver en ligne.

Enfin... c'est l'animalerie qui était en ligne. Mon chat - croisé gouttière et chêneau - lui était en rond quand je l'ai trouvé, en rond et en ronron ce qui fait que j'ai craqué.

 

C'est vrai qu'il a du chien, mon chat! D'ailleurs il aboie, des petits miaulements brefs en rafales pour saluer les randonneurs ou bien la factrice... si bien que j'ai été obligé de mettre un écriteau sur la boîte à lettres “Attention. Chat hyperactif”.

Certains disent qu'il faut appeler un chat un chat mais c'est au dessus de mes forces et puis c'est souvent lui qui m'appelle et pas le contraire.

Malgré ça - nom d'un chien - je l'ai appelé Rantanplan, n'en déplaise à l'animalerie qui - sous prétexte que c'était l'année des AAA - lui avait établi un passeport européen au nom d'Adonis-Agamemnon-Apollon!

 

Le passeport européen, le tatouage et les vaccinations, c'est pas donné alors quand ils m'ont proposé de lui mettre aussi une puce j'ai décliné sous prétexte qu'il en avait déjà plusieurs sur lui.

 

La caravane est loin et j'entends les cris des chasseurs, les aboiements des chiens mais pas celui de Rantanplan.

Alors je fouille sa panière, enfin... sa niche dans l'espoir d'y trouver une explication. Il y a un bordel là-dedans! C'est pourtant pas faute de lui dire “Range ta panière!”

Mais rien, pas une lettre, aucune trace. Je tombe sur un os, celui que je lui avais donné à ronger la veille et qu'il a à peine touché.

C'est vrai qu'il n'est pas très os, mais moi encore moins alors je les dépose devant sa niche, juste entre les deux chiens de faïence qui décorent l'entrée.

Il y en a qui donnent leur langue au chat, moi je lui donne les os, c'est mon choix.

J'ai d'autres chats à fouetter que lui donner de la langue, au prix où ça coûte!

Et puis est-ce qu'on sait d'où vient leur langue? Et si c'était de la langue de chat? Il aurait un chat dans la gorge? Non, merci!!

 

J'entends la proche qui ameute... non, ça doit être la meute qui approche. Déjà?

C'est égal, je n'entends toujours pas mon Rantanplan.

Où est passé ce corniaud?

“Rantanplan!!”

D'habitude il ne répond pas et c'est exactement ce qu'il fait en ce moment.

La meute passe comme une tornade devant la maison - troupeau braillard, vulgaire et anarchique - suivie des prédateurs armés jusqu'aux dents.

L'un d'eux s'arrête, m'interpelle:”Z'auriez pas vu une espèche de chat chauvage, M'sieur?”

C'est marrant cette manière qu'ils ont de parler quand ils sont armés jusqu'aux dents!

Le M'sieur le dévisage, blémit à la pensée que son Rantanplan est en grand danger et s'entend répondre:”Z'auriez intérêt à aller voir par là”.

Je pointe bravement mon doigt en direction de la route de Changé où se trouve le refuge de la SPA.

Il a l'air satisfait, vaniteux et satisfait.

Dans mes jambes, une petite chose vient se frotter avec des miaulements brefs en rafales...

 

 

 

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 07:45

  Publié aux Impromptus Littéraires

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On était le jour du Seigneur et Le Créateur fulminait: “Moïse aurait dû commencer par balayer devant sa porte avant de proférer cette ridicule citation comme quoi l'homme retournait à la poussière qu'il avait toujours été”.

Chaque matin un énorme tas encombrait le seuil de la porte du Paradis, aussi chaque matin fulminait Le Créateur et c'était pas bien.

Un petit malin y avait même placardé une étrange pancarde qui disait “Bienvenue chez les ch'nis” et c'était pas drôle.

Lassé de fulminer Le Créateur allait devoir se retrousser les manches un huitième jour et il en fut ainsi.

Bien qu'ayant créé la serpe hier, il lui fallait en ce huitième jour imaginer un ustensile pervers à la hauteur de sa fulmination. Il décida d'appeler ce jour le jour du ménage ou ménagedi et c'était bien.

Il prit une touffe de machin qui croissait et se multipliait par là, qu'il baptisa genêt car il trouvait chamaecytisus bien trop compliqué pour le commun des mortels et à fortiori pour le commun des techniciens de surface.

Il assujettit la touffe à un second machin qui traînait par là - un de ces machins qu'il avait fait pousser au troisième jour - suffisamment long pour asseoir le cul d'une sorcière et assez dur pour provoquer des ampoules aux tendres mains féminines auquel il le destinait... et l'ayant comme un con coincé dans son vêtement il le nomma fort à propos “manche” et c'est ainsi.

Symbole indélébile des tâches ménagères, le balai était né, et il pensa que c'était bien.

 

Toujours selon Moïse qui n'était pas avare de citations, Le Créateur aurait tendu l'outil à Eve en lui disant - parodiant Julie Pietri - ”Eve, lève-toi. Désormais, tu balaieras dans la douleur” mais rien n'est moins sûr car le prophète avait aussi déclaré: ”L'homme mangera son pain avec la sueur de son front”.

J'ai essayé. C'est dégueulasse.

Le Créateur renvoya Eve a ses tâches ménagères - puisque c'était jour du ménage - en disant “Du balai!” et il vit que cela était bon.

Ce fut au tour d'Eve de fulminer car elle avait imaginé quelque chose de plus sophistiqué, un engin qui roulerait mal, muni d'un long tuyau tordu, d'un sac plein de poussière, d'une pompe bruyante et d'une prise au bout d'un fil qui ferait des noeuds, un truc que leur descendance aurait pu chevaucher Caïn-caha pour jouer à Zorro et qu'on aurait baptisé Tornado.

 

Défaitiste, Adam lui dit: ”Comme t'es conne ma pauv' fille! Ca marchera jamais” et il retourna à sa sieste car c'était le jour du ménage et que Le Créateur en avait soupé de ce principe d'égalité homme-femme dont Moïse lui rebattait les oreilles!

Il n'est pas bon que l'homme soit seul” avait insisté Moïse et le doux bruissement du balai rassura Adam sur ce point avant de le plonger dans le sommeil auquel il aspirait.

Le Créateur était loin d'imaginer que cette ultime création allait être une éternelle cause de dispute, de discorde et plus si pas affinité au sein de ce qu'on appelle bizarrement aujourd'hui un ménage.

Bien plus tard, on allait inventer un cercueil pour enterrer l'objet de discorde, le fameux placard à balai mais ceci est une autre histoire...

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 10:15

Publié sur le site MilEtUne histoires d'après l'illustration ci-dessous

 

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(Le 2 juin 2014, lors de la cérémonie des Molières, Denis Podalydès grimé enlève son masque.)

 

 

Puisque vous bafouillez en écorchant mon nom

Souffrez que moi aussi j'écorche mon visage

qu'un patient maquilleur en un savant dosage

silicona si bien en attrape-minon.

 

 

Ah je vous ai bien eus, affublé de ce masque

oubliés Foresti, Dujardin et Devos

en indigne vieillard j'aurai par cette frasque

de l'antique grand-messe dépoussiéré les os.

 

 

Cette supercherie aurait plu à Molière

qui pour la fourberie n'était pas né d'hier.

Souvenons-nous comment il nous fit ses adieux...

 

 

Si la vie est cruelle, les hommes monstrueux

au théâtre il n'est point de délit de faciès

prononcez bien mon nom, Denis Podalydès

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 12:45

 

Cet automne, que vous soyiez Potiron, Citrouille ou Potimarron... VOTEZ POUR MON HAIKU

 

 

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Courge ridicule

montre moi ton pédoncule
que je te calcule

 

 

 

Rendez-vous sur le lien suivant :

http://short-edition.com/oeuvre/poetik/potiron-citrouille-ou-potimarron

 


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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 07:00

Publié aux Défis Du Samedi

 

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Mon Totor bien-aimer,

 

Je suis une misairable.

Je dois t'avouer une chose que je t'ai cacher pendant nos cinquantans de bonne heure.

Je ne suis pas lauteure de toutes ces laitres que tu as ressu jour après jour et qui ne sont rien dôtre que leuvre de masseur.

Ô je ne prétends pas te faire sourire haliday qu'un porteplume dans la main de masseur ait pu te trompé ainsi, toit l'extra-ordinaire poète, le romanssier, le drame à turge.

Si mon cor, mon cent, mon cœur, ma vit, mon âme se sont employer à t'aimer - comme l'écrit si bien ma frangine - il n'en est pas de maime de ma pôvre plume tout juste bonne à balailler devant ma porte.

Bien sûr, c'est normale tu vas croire que ce n'est pas moi non plu qui écris cette laitre mais une dernière fois encore cette seure dont tu ignores l'existance.

Oui je l'appelle ma Cosette, oui je l'ai forcer à écrire jour après jour sous la contrainte mais sa plume est si talent tueuse... et puis à bien y réfléchir tout ça est un peu de ta fôte, non?

 

J'aurais aimé t'écrire “Ton amour est un élixir divin qui enivre tout mon être”, mais j'en suis bien incapable - c'est quoi un élixir - et ma “boniche” le faisait si bien à ma plasse.

Si ses pâtes de mouche ont pu fatiguer tes pôvres zieux, j'en suis fâcher mais n'est-ce pas le fond qui conte plus que la forme?

Vingt mille laitres, vingt mille forfétures mais c'était si bon de relire dans tes bras ces jolis maux que je n'ai jamais écrits et qui te plaisaient temps.

 

J'espère que cette dernière laitre comptera autan que toutes les zautres et maime qu'elle aura plus de valeure que toutes les zautres puisque c'est vraiment la mienne et qu'il m'en aura bien coûter de l'écrire.

C'est à paine si j'ai la force de tenir la plume, il est vrai que j'en ai si peu la bitude et je sais que tu sauras me pardauner toutes mes fôtes jusqu'à la dernière.

 

Ta Juju

 


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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 07:30

Sur une idée des Impromptus Littéraires, une promenade olfactive dans le labyrinthe parisien 

 

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Pour aller square des Mimosas? Y a rien d'plus facile, M'sieurs Dames.

Vous m'auriez demandé la lune, encore...

A vue d'nez vous en aurez pour une dizaine de fragrances.

Comment ça, le temps qu'on met entre deux fragrances?

Vous êtes des p'tits marrants, vous! Y a pas marqué Guerlain ici.

C'est pas compliqué! Ici vous êtes rue des Rosiers... d'accord? Y a pas d'erreur possible, ça emboucane les falafels et l'huile de friture, vous savez ces boulettes de pois chiches épicées qui rappellent de très loin la Pierre de Ronsard avec un soupçon de De Funès!

Alors respirez un grand coup avant de filer plein Sud jusqu'à l'île de la Cité; vous pouvez pas vous tromper car là ça sentira la Seine.

Quelle odeur a la Seine?

Vous en avez des questions, vous alors!

Ben ça sent Paname, le poiscaille, les fumées d'usines, les gaz d'échappement... ça rappelle un peu... comment vous dire? Vous connaissez la fameuse marque Diesel? Et ben c'est ça!

 

Plus loin vous allez arriver au jardin du Luxembourg et là, je vous conseille de marcher en apnée jusqu'à Normale Sup!

Pourquoi? Mais malheureux, le jardin du Luxembourg c'est irrespirable! Ca pue tellement l'orchidée et le bégonia qu'ils ont dû les mettre dans des serres.

A Normale Sup, vous pourrez enfin recommencer à respirer, ça sent plutôt la sueur de potache et l'étudiante pubère, autant dire que c'est du gâteau.

Continuez encore tout droit jusqu'à la rue de la Glacière, vous pouvez pas la rater!

Non M'sieurs Dames les étangs de la Bièvre ne sentent plus depuis des siècles mais du côté de la place Coluche flottent comme des remugles de hakik qui ne trompent pas.

Respirez bien à fond, c'est d'la bonne et de toute façon vous êtes quasiment arrivés.

Vous pénétrez dans la Cité florale et là je préfère vous dire que vous allez souffrir.

Entre la rue des Iris et la rue des Glycines se trouve la rue des Volubilis... ça peut paraître bizarre mais c'est comme ça.

Certains l'appellent Ipomée mais l'un comme l'autre c'est du grimpant et il faudra vous accrocher; les pavés sont glissants.

Coincée entre la rue des Glycines et la rue Brillat-Savarin qui sent carrément le lait de vache se trouve la rue des Liserons. Là, c'est pas du grimpant, c'est du rampant... enfin vous n'aurez qu'une chose à faire: ramper.

C'est au 36 de la rue qui sent le lait de vache que vous trouverez la rue des Orchidées.

Enfin, le square des Mimosas termine la rue des Liserons... en cul de sac mais pas d'inquiétude pour l'odeur, vous êtes arrivés.

Comment dites-vous? Si ça sent vraiment le mimosa?

Et puis quoi encore? Si la Cité florale sentait la fleur, ça se saurait!

A deux pas de la rue de Rungis vous ne sentirez jamais le mimosa... c'est selon les arrivages mais je vous laisse découvrir par vous-mêmes.

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 20:00

Le site MilEtUne a vu passer le Four de transe... et papi aussi

 

 

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S'cuse-moi, il est déjà passé Robic?”

C'est à moi que vous parlez, papi?”

T'es sourdingue? J'te d'mande si Robic est déjà passé”

Euh... papi... vous retardez! Robic passera plus”

Vindiou, j'l'ai raté? Il a encore plus d'avance que j'croyais! Sacré Robic!”

Euh... papi... Vot' Robic est peut-être passé ici mais en dix neuf cent cinquante trois...”

Hein? En dix neuf minutes et cent cinquante trois secondes? Sacré Robic!”

Euh... papi... je veux dire l'année 1953”

Hé gamin, arrête de dire Euh... papi... sans arrêt! D'abord j'suis pas ton papi”

N'empêche que Robic est mort dans les années 80 et si y pédale encore dans sa tombe, j'voudrais pas voir la gueule de son vélo”

Et Géminiani? Il est déjà passé Géminiani?”

Euh... papi... Géminiani c'est pareil”

Quoi c'est pareil? Il est déjà passé lui aussi?”

Euh... On peut dire ça comme ça sauf qu'il est pas mort”

Je l'savais! Increvable, Gémi!”

Ouais, enfin... à 89 ans y doit pédaler moins vite”

Et Bobet? Me dis pas qu'Bobet est déjà passé!”

Euh... Il est passé aussi mais en 83”

Dis voir gamin, 83 minutes ça fait un peu plus d'une heure, si je n'm'amuse?”

Euh... j'veux dire l'année 1983, papi”

Et t'as vu Hamstrongue?”

Euh... Lance Armstrong? Il est mort, enfin il est grillé”

Mais non! Nèle Hamstrongue! L'extra-terrestre, çui qui pédale comme une fusée!”

Ah! Celui qu'a marché sur la lune? Je savais pas qu'il faisait aussi du vélo”

Décidément, tu connais rien au vélo, gamin! Tiens, voilà Vanderstockt, ben il est pas en avance pour une fois”

Connais pas...”

Vanderstockt... pour une fois... une fois... c'est un belge, gamin!”

Ah?”

T'as pas compris la blague, gamin... une fois?”

Euh... Non... papi”

Laisse tomber gamin. Bon c'est pas l'tout, faut qu'j'aille retrouver Yvette sur la ligne d'arrivée”

Yvette Horner, sans doute?”

Tu t'fous d'moi! Elle a cassé son piano à bretelles depuis longtemps, gamin!”

Euh... Z'êtes sûr de ça, papi?”

M'appelle pas papi, gamin... Yvette c'est ma fiancée. On s'marie le mois prochain”

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 07:00

Les Défis Du Samedi nous invitent à parler de patrimoine... et chacun cultive le sien, à sa manière 

 

 

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Dis l'Antoine, t'en as un d'patrimoine, toi?”

Pour sûr que j'en ai un d'patrimoine. J'ai la ferme des vieux et les animaux des vieux et la fille des vieux aussi... la Georgette”

Ah? Moi, j'sais pas si j'en ai un”

T'en as forcément Lucien! On a tous un patrimoine”

Et ça s'reconnait à quoi au juste un patrimoine?”

C'est un truc, comme qui dirait un machin qu'est pas complètement à toi mais un peu quand même, vu qu'tu dois l'sauvegarder, l'entretenir sinon quelqu'un viendra t'le piquer!”

Ah ouais... alors ma p'tiote factrice ça s'rait comme qui dirait mon patrimoine?”

Quelle p'tiote factrice?”

Ben celle de Fouzy-sur-la-Tronche que j'entretiens d'puis six mois et que j'veux pas qu'on m'la pique, c'est mon patrimoine?”

Vu comme ça, l'Antoine... c'est comme qui dirait ton patrimoine”

Mais pourquoi ta Georgette que personne en voudrait, tu dis qu'c'est ton patrimoine?”

C'est pas pareil, l'Antoine... c'est du patrimoine par alliance et ça, tu l'traînes toute ta vie jusqu'à ta mort ou ben la sienne”

Sauf que toi, ton patrimoine y t'rapporte du blé alors que l'mien y m'coûte le peu qu'je gagne!”

Ouais mais y'a patrimoine et patrimoine! Parait que plus il est jeune et plus y coûte cher.

J'ai entendu dire qu'y en a qui volent des vieux patrimoines pour pouvoir en entretenir des plus jeunes”

Ah? Et c'est quoi la différence entre un vieux patrimoine et un jeune?”

Ben c'est un peu comme qui dirait ma Georgette et ta p'tiote factrice... ça a pas la même tête ni les mêmes envies... et pis ça fait pas la cuisine pareil”

Hein? La cuisine, ça compte aussi dans l'patrimoine?”

Cré vingt diou! Sans la boustifaille, y aurait pas d'patrimoine! Regardes les amerloques avec leurs beurgueurs et leur coca... y z'en ont pas d'patrimoine!”

Ah bon? Et tous leurs indiens, leurs valets en silicone et leur rézosoçio... c'est pas du patrimoine?”

Un rézosoçio? C'est quoi ça?”

J'en sais foutre rien! C'est un rézosoçio, c'est comme ça”

Tu veux que j'te dise l'Antoine, tous leurs trucs qu'y savent même pas eux-mêmes c'que c'est, ça peut pas être du patrimoine”

Pourquoi ça?”

Ben parce que l'patrimoine c'est du concret, de l'authentique. Faut qu'ça t'colle aux sabots comme qui dirait une terre bien grasse... enfin tu m'comprends!”

Ouais! Pour sûr que ma p'tiote factrice c'est du patrimoine, passe qu'elle est bien grasse et pour me coller elle me colle!!”

Tu vois ben qu'j'avais raison l'Antoine... te v'là avec un patrimoine”

Pffuuiii... quand j'y pense ça fait quelque chose... un p'tiot patrimoine qui bosse aux PTTs! Hé, Bernard!!!”

Quoi?”

Sers-nous une tournée d'ton patrimoine 2002!”

 

 

 

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 18:21

Cré vain Diou! J'ai pas été nominé mais ça fait rien... je vous la raconte quand même, cette virée dijonnaise ! 

 

 

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Quand Oncle Hubert déclara que demain vendredi nous irions en ville, l'annonce fit l'effet d'une bombe d'autant plus que - le petit train des pêcheurs ne circulant plus que le dimanche entre Gissey et Dijon - on irait forcément “à la ville” avec la vieille Juvaquatre du grand-père.

Comme d'habitude Anastazia commençait à prendre le virot et l'Oncle s'empressa de la rassurer en détaillant ce bijou de technologie qu'était la Juvaquatre du grand-père: une treue à quatre portes avec freins hydrauliques et qui tapait le 95 kilomètres à l'heure.

Anastazia fut d'autant plus rassurée par ce chiffre de 95 kilomètres à l'heure qu'on n'avait pas besoin d'une heure pour gagner la ville...

On la laissa à ses considérations mathématiques pour aller préparer nos affaires.

 

L'Oncle avait ramené sa polonaise par le train - grand-père disait par l'arrière-train et sans crier gare - mais le récit de notre expédition à la ville présente plus d'intérêt.

Ce vendredi matin nous trouva cheurtés - mes deux cousins et moi-même - à l'arrière de la Juvaquatre; on avait consigné la chouinouse à la maison puisqu'elle passait le plus clair de son temps à chouiner comme toute chouinouse.

N'allez pas beugner c'te bagnole!” recommanda le grand-père qui possédait la seule voiture à quatre portes du village.

Anastazia nous adressa de grands signes comme si nous partions au front.

 

On était si excités qu'on ne vit pas grand chose du paysage à part le viaduc de Velars-sur-Ouche qui nous rappelait à chaque fois la terrible catastrophe du Paris-Dijon de 1962.

Il y a bien longtemps que le petit jeu du comptage des écluses du canal jusqu'à Dijon ne nous intéressait plus et seul importait le bonheur de déambuler dans la capitale bourguignonne.

Laissant le lac Kir sur notre droite (qui ne contiendra jamais que de l'eau) et une fois passé le pont du chemin de fer, on entra dans Dijon sous une rabasse soudaine - un garot d'été - qui vida les trottoirs de ses piétons!

Le temps d'une délicate marche arrière le long des jardins Darcy et un sulot radieux revenait.

Même si la mascotte du jardin - l'ours Pompon en pierre blanche - semblait rigoler, la Juvaquatre était garée!

Monumental, le grand hôtel de la Cloche nous toisait dans son costume haussmannien et les explications d'Oncle Hubert nous le rendaient encore plus inaccessible... autrefois certains crus y auraient coulé aux robinets des lavabos.

 

On prit à droite puisque le flot des passants nous y entraînait, en direction de la rue de la Liberté qui bien sûr menait tout droit, non pas à la prison du Monopoly mais Place de la Libération.

Le tramway ayant définitivement disparu, la rue commerçante, livrée à la populace sur toute sa largeur grouillait dans un tumulte auquel nous étions peu habitués.

L'effervescence nous gagnait d'autant plus que nous approchions d'un spectacle que je dirai plus tard et que nous n'aurions manqué pour rien au monde.

J'ai toujours eu la moutarde en horreur et j'en demande pardon à mes aïeux mais la visite chez Maille - ex-Grey Poupon - était incontournable et on ne la contourna pas.

Pensez-donc, une institution de 1845, que dis-je, un musée où flacons, pots et moutardiers anciens renferment des dizaines de moutardes qui au vin blanc, qui au chablis ou au miel, bref tout ceci me montait au nez et me rappelait trop ces ignobles cataplasmes que je fuyais en hurlant, si bien que j'écourtai la visite.

Dehorrrs comme dans la boutique, ça rrroulait les 'R' à tourrr de brrras.

Pourquoi trouvais-je cet accent étrange, alors que ma mère les avait toujourrrs harmonieusement rrroulés sans que j'en sois choqué?

Il fallait que cette singularité soit d'importance pour que Molière dans son Bourgeois Gentilhomme en ait fait une description prrresque chirrrurrrgicale:

“L'R se prononce en portant le bout de la langue jusqu'au haut du palais, de sorte qu'étant frôlé par l'air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une sorte de tremblement : R, RA”... la classe!

 

Pas fâché de changer d'R, je devinais un peu plus bas sur la gauche la fontaîne du Bareuzai - notre Manneken-Piss bourguignon - vêtu d'une simple feuille de vigne et qui “pissait” du vin une fois l'an pour les fêtes de la Vigne.

Oncle Hubert s'empressa d'ajouter que les bareuzais sont les vrais dijonnais, ceux qui autrefois portaient des bas rosés, couleur des jambes des vignerons après avoir foulé la récolte.

Bref, tant de détails nous avaient ouvert l'appétit et ce marchand ambulant de merveilles, bugnes et pain d'épice tombait à pic!

 

Libérés du flot de la rue de la Liberté, la vieille rue des forges nous plongeait subitement dans une atmosphère toute médiévale où Charles le Téméraire risquait d'apparaître d'un instant à l'autre à quelque borgnotte.

Nous n'écoutions plus Oncle Hubert, son orfèvrerie, ses forges, ses toits de tuiles plates vernissées aux losanges multicolores...

Déjà les trois étages de la façade gothique de l'église Notre-Dame nous écrasaient de toute leur hauteur d'où grimaçaient cinquante gargouilles inquiétantes jusqu'à ce qu'Oncle Hubert nous rassure quant à leur caractère purement décoratif.

Quiconque n'a jamais vu un jacquemart en action ne peut imaginer la magie d'un tel spectacle.

On trépignait si fort qu'Oncle Hubert en ferma son clapoir aussi ne saurons-nous pas pourquoi Notre-Dame de Bon-Espoir est une vierge noire et pas blanche.

 

Un jacquemart est un automate de bois ou de métal qui s'anime pour sonner les heures sur la cloche d'un campanile.

Un jour que notre jacquemart dijonnais s'ennuyait, il oublia de sonner. On eut alors l'idée de lui offrir une femme, Jacquotte - courte jupe et chapeau en galette - pour l'aider à sonner les heures puis vinrent plus tard les enfants Jacquelinet qui sonne les demies et Jacquelinette les quarts d'heure.

Les présentations étant faites, il était dix heures pétantes et Jacquemart et son épouse s'animèrent pour notre plus grande joie.

Voir et entendre sonner dix coups était loin de nous satisfaire et Oncle Hubert comprit qu'il allait devoir durer un quart d'heure afin d'assister au ballet des enfants.

Il nous abreuva de nouveaux détails, expliquant comment Philippe le Hardi rapporta “notre” jacquemart après sa victoire sur les Flamands en 1382...

 

Nos trépignements d'impatience encouragèrent Oncle Hubert à continuer en nous récitant par coeur ces vers du chanoine-maire Kir qui donna son nom au fameux blanc-cassis:

 

“Je suis en haut toujours de garde
Humant le bon vin, la moutarde
Et de minuit jusqu'à midi,
Tout en fumant une bouffarde,
Je sonne hardi-petit, hardi”

 

Autour de nous les curieux applaudissaient, certains même l'ayant pris pour un guide touristique mettaient la main à la poche.

On s'est payé une bonne tranche de rigolade et quelques unes de pain d'épice aussi quand Jacquelinet et Jacquelinette sont entrés en action.

La sonnerie du quart d'heure n'est qu'une formalité mais on eut le temps d'apercevoir le p'tiot et la p'tiote dans leurs oeuvres.

 

Quand j'serai grand, j'ferai Jacqu'mart” déclara le petit cousin.

Vindieu, une vocation était née.

 

Parait qu'ceux d'la place saint Marc à Venise sont plus grands” osa un touriste.

Les cousins et moi, on a un regard spécial pour ça, celui qu'on réserve aux cul-terreux, à ceux qui sont pas d'cheu nous.

Oncle Hubert quittait son costume de guide touristique, remercia les badauds et nous annonça la prochaine réjouissance:

“On va miger au buffet de la Gare!”

On a jarté d'là, d'autant qu'une nouvelle rabasse se précisait.

Dis nononque, comment qu'y font les Jacquemarts pour pas rouiller?” demanda le petit cousin.

Heureusement la pluie qui redoublait nous évita un cours magistral de l'influence des oxydes hydratés sur le chapeau d'la Jacquotte.

On allait finir gaugés en arrivant au buffet.

 

Je connaissais la Gare de Dijon-Ville par coeur puisque chaque vacance scolaire m'amenait par le Mistral - le Trans Europe Express Paris-Nice via Dijon - mais je n'avais jamais déjeûné au buffet.

Je peux affirmer aujourd'hui que ce qui distingue un buffet de gare d'un autre buffet de gare c'est surtout l'fromage.

Si notre jeune âge nous portait naturellement vers cette vache qui riait, notre Oncle Hubert jubilait devant un plateau qui viaunait fort et chargé de choses étranges: Epoisses, Saint-Florentin, boule des moines et même un Trou du Cru dont l'énoncé nous fit mourir de rire.

 

Une grande jatte de fromage blanc à la crème acheva de nous gueuder tandis qu'Oncle Hubert rinçait son Trou du Cru d'un dernier galopin de Chassagne-Montrachet... on dira que la messe était dite et que notre escapade “entre hommes” finissait en apothéose.

On allait quitter la Cité des Ducs, laisser derrière nous Philippe le Hardi et ces jacquemarts qui rouillaient... en se promettant d'y revenir vite.

Que dire de plus à part qu'on dut pousser la Juvaquatre jusqu'à la pompe à essence “la plus proche”...

On faillit presque en oublier un “détail” qu'Anastazia ne nous aurait jamais pardonné!

On ne pouvait pas rentrer sans le traditionnel cadeau qui nous vaudrait de rebeuiller la moitié des boutiques et qui finirait dans le buffet.

On a qu'à y ram'ner d'la cancoillotte!” lança le petit cousin.

En Bourgogne comme ailleurs la vérité sort de la bouche des enfants, surtout quand le seul “commerce” en sortie de ville est une pompe à essence qui vend du metton - le caillé qui sert à préparer la fameuse cancoillotte - et ainsi l'affaire fut entendue.

On n'allait pas s'embistrouiller” conclut Oncle Hubert qui venait d'échapper de peu à une tisane!

La livre de metton bien calée sur mes genoux, je me retournai à temps pour apercevoir par la lunette arrière de la Juvaquatre le panneau “Bienvenue à Dijon” qui me souriait.

 

Lexique bourguignon-français:

 

beugner: cabosser

borgnotte: petite fenêtre

cheurté: assis

chouiner: pleurnicher

durer: patienter

embistrouiller: embêter

galopin: verre

garot: pluie d'été

gaugé: trempé

gueuder: rassasier

jarter: marcher très vite

miger: manger

nononque: oncle

rabasse: averse soudaine

rebeuiller: fouiller, retourner

sulot: soleil

tisane: engueulade

treue: voiture

viauner: sentir mauvais

virot: mal au coeur

 

 

 

 

 

 

 

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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 21:16

Publié aux Impromptus littéraires sur le thème de la Mer de la tranquillité 

 

 

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Dans mes rêves d'enfant Elle semblait si loin

que même en attachant bout à bout mes peluches

je n'aurais pu toucher ce ballon de baudruche

qui égayait mes nuits de son sourire en coin.

 

J'ai rangé mes peluches au rayon Souvenirs

je voulais posséder le monde et au-delà

j'ai appris tous ces mots... décoller... alunir

j'étais de la Nasa l'un des trois lauréats.

 

Ce vingt et un juillet nous avions un rancard

Elle ne riait plus, fâchée, inconsolable

et moi j'étais penaud, honteux, déconfit car...

 

dans mon accoutrement j'ai fait l'irréparable

en un pas de géant pour notre humanité

j'ai marché dans la mer de la Tranquillité  

 


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