Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 08:00

  Publié aux Défis Du Samedi

 

  Defi-232.jpg

 

 

J'avais été éjecté sans crier gare, comme tous ceux qui m'entouraient et je fus surpris par tant de candidats au départ; la compétition allait être rude et je serrai les dents quand notre flot bigarré prit sa course.

Je faisais partie des rouges mais je fus rapidement mélangé aux autres, des bleus et aussi des jaunes dans une indescriptible pagaille.

On aurait pu nous prévenir que ça bouchonnerait au passage du col en ce jour de l'Ascension, et le début de la grimpette avait allumé le feu dans certains nanomoteurs prêts de rendre l'âme.

Déjà vingt minutes qu'on courait et certains traînards renonçaient, s'arrêtant dans un repli du terrain pour échapper à la déferlante des poursuivants en agitant une dernière fois leur flagelle.

 

Heureusement la voie finit par s'évaser, je pus prendre mes aises pour courir à mon rythme c'est à dire comme un dératé; autour de moi, ça soufflait et crachotait à tout va... des grands bleus, des gros jaunes, des squelettiques, des bizarres à tête allongée, sans doute des clones recalés aux primes et qui s'étaient glissés dans le peloton.

On nous avait prévenus que les soixante kilomètres ne seraient pas de tout repos, aussi me faufilai-je dans un groupe qui me paraissait plus jeune et donc plus gaillard.

 

On arriva à une bifurcation, mais coincé dans notre groupe compact je n'eus pas le loisir de consulter mon GPS pour choisir la bonne trompe et éviter les traîtres cryptes cervicales.

Sentant l'excitation grandir autour de moi, je compris qu'on était passés entre les mailles du filet.

La température s'élevait graduellement et il me sembla que ça me redonnait un coup de fouet alors que notre petit groupe perdait encore des membres dans de sinistres grognements.

On en dépassa d'autres, livides, au bord de l'asphyxie - en pleine réaction acrosomiale et condamnés à la stérilité - des candidats isolés en pleine détresse et on ne fut bientôt plus qu'une poignée seuls en tête.

 

Je réalisai que j'avais toutes mes chances quand, m'étant retourné je ne vis qu' une ombre derrière moi... la mienne. J'oubliai qu'on m'avait dit que le premier n'est pas toujours le vainqueur.

Par quel miracle avais je pu tenir la distance et ... je faillis rater le podium qui se présentait après une dernière courbe et, freinant désespérément, je me retrouvai bouche à bouche avec une créature de rêve...

Elle était rouge elle aussi, semblable à l'idée que je m'en faisais, toute ronde et elle sentait bon, en tout cas bien plus que moi.

 

"On m'appelle Ovule" minauda t elle en battant des cils avec une pudeur feinte. Il faut dire que des cils, il y en avait partout dans l'entonnoir d'arrivée.

Le coeur au bord des lèvres, je réussis à balbutier "Moi... gamette 254861".

Je me doutais bien qu'elle n'avait rien à faire du numéro mais j'avais toujours eu du mal à prononcer mon nom, un drôle de nom, Super-Mathieu-Zoïde.

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Re-bravo, vegas !
Répondre
A
Encore un texte réussi et plein d'humour !
Répondre
V
<br /> <br /> J'ferais pas ça tous les jours <br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Vegas-sur-Sarthe
  • : Même grasse, la risette du Mans n'a jamais fait de mal à personne (Vegas sur sarthe) . Parce que "Ne rien dire, nuit gravement à la santé", voici mon actualité d'un jour, mes écrits, mes participations aux ateliers d'écriture. Entre la Route de la rillette et Las Vegas Boulevard, le petit monde d'un papi qui s'amuse !
  • Contact

Recherche