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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 09:10

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème : C'est beau une ville la nuit 

 

  fremont-street-experience-las-vegas.jpg

 

 

 

Quand vous en aurez assez d'écouter un gondolier (gondolier) chanter sa barcarole en poussant sa barque sur le Grand Canal du Venetian, que vous aurez trop tremblé pendant l'éruption (eruption) du volcan du Mirage et que vous vous serez assez rafraîchi à la chorégraphie des fontaines (fountains) du Bellagio sur un air de Sinatra ou de Pavarotti... alors quittez le Strip - les trottoirs surchauffés de Las Vegas Boulevard - et en dix minutes vous serez sur Fremont.


La rue Fremont (Fremont street) est une des rares rues piétonnes du centre-ville de Las Vegas.
Le touriste de base n'en verra peut-être rien, attiré comme un papillon de nuit (moth) par le luxe et les attractions spectaculaires qui jalonnent le Strip depuis le MGM et le NewYork-NewYork jusqu'à la tour géante de Stratosphère... et c'est ballot (stupid, idiot).
Arpenter la rue Fremont c'est s'immerger dans l'ancien cœur de ville (antique downtown) du Vegas des années cinquante (fifty-fifty) et c'est à s'en taper le cul par terre (hit the ass off)... d'ailleurs qui vous empêche de vous asseoir au beau milieu de la rue (sit in)?
Vous n'y serez que mieux installé pour assister au spectacle qui anime chaque heure les quatre cent mètres de sa voute lumineuse aux douze millions de leds, le fameux Fremont Street Experience qui vous en mettra plein les yeux et les oreilles au son de Queen, des Doors ou de Bon Jovi (Queen, Doors, Bon Jovi)!
Oubliez quelques instants le gâchis énergétique que représente cette débauche de lumières et laissez-vous aller (let yourself go).

Loin de rivaliser avec le Caesar Palace (Celine Palace), le Bellagio ou le Wynn mais rien qu'en prononçant leur nom le Four Queens, le Stardust ou le Golden Nugget's évoquent aussitôt l'époque sulfureuse où alcool, argent et prostitution succédèrent à la grande dépression et à la Seconde guerre mondiale.
Vous allez y croiser des célébrités increvables : Sinatra, Elvis (The King) mais aussi De Niro et Nicholson enfin... leurs sosies qui n'accepteront un selfie (selfie) avec vous que contre quelques billets verts (ten box).
Quittez la voute lumineuse et entrez dans un de ses vieux casinos où l'odeur du cigare colle aux épaisses moquettes (thick carpets).
Dans le dédale d'un millier de machines à sous, vous trouverez peut-être celle qui vous décrochera le jackpot (jackpot). En tout cas une serveuse court vêtue (waitress) viendra forcément vous offrir une boisson (Margarita frozen) dans l'espoir de vous voir prendre racine (glue, scotch).

Kit Carson? Ca vous dit quelque chose? Oui, celui des cartoons, if you want.
Lui et John Fremont - explorateurs et pionniers (Pioneer, Yamaha) de la conquête de l'Ouest - sillonnèrent les plaines du Nevada bien longtemps avant tout ça et doivent aujourd'hui se retourner dans leurs tombes (turn in their tombs) à la vue d'un tel spectacle!

Vous êtes repu du bruit et de toute cette foule? Prenez un peu de hauteur en vous éloignant en direction du mont Charleston ou en montant sur la colline de Henderson, vous y verrez briller le 'Silver State' d'une lumière incomparable et le rayon laser du Luxor comme un phare éclatant dans la nuit (beacon in the night).
On aime ou on aime pas, mais c'est ça Vegas.


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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 19:00

Publié sur le site MilEtUne Histoires

d'après le trompe-l'oeil “Escapando de la critica” de Pere Borrell del Caso

 

  ob_68a4c7_escaping-criticism-by-pere-borrel-del.png.jpg

 

 

 

Un jour je braverai, j'enjamberai le cadre

où mon maître me mit à grands coups de pinceaux,

je veux de son labeur connaître le verso,

découvrir les secrets de l'obscur et du gladre.

 

Je saurai comment naît un sourire innocent,

la courbe d'un giron, la houle des cheveux,

d'où vient cette stupeur qu'il jeta dans mes yeux,

et sur mes joues d'enfant cet éclat rosissant.

 

De ceux qui ont posé et qu'on nomme modèles

j'aimerais tout savoir, celles qui posaient nues,

celles qu'il rehaussait de divine aquarelle.

 

Du maître del Caso ayant tout mesuré

je rejoindrai - comblé - ce châssis convenu

où je vivrai reclus, certes mais rassuré.

 

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 07:00

Aux Défis Du Samedi, les objets s'expriment à la première personne...

 

 

  lire-dans-son-bain_650x6501.jpg

 

 

Samedi

10H15:

J'ai horreur du samedi!

Deux heures que j'poirotte dans la boîte à lettres et j'ai même pas droit à un vrai regard.

Si encore j'avais la tronche d'un avis d'impôts fonciers, je comprendrais qu'on m'fasse la gueule... mais là! Quand j'pense qu'on a mis l'paquet cette semaine sur l'habillage et les gros titres!

Si c'est pas malheureux.

Y a que moi pour tomber sur la lectrice de base: Robe de chambre en pilou, bigoudis et toutou à sa mémère.

On est 355 830 à inonder nos fans chaque semaine et il faut qu'je tombe sur ELLE!

Ferme la porte Bon Dieu! Ca caille!!”

Lui, c'est son Jules. Pas de danger qu'il s'intéresse à moi, même si on n'est pas obligé d'être cultivé pour regarder les images.

Page 63 on a fait exprès d'coller un Sudoku force Zéro pour les mecs, mais c'est encore trop.

 

 

10H20: Le toutou à sa mémère me renifle comme si j'annonçais la fin du monde.

Rien de tout ça, saucisse à pattes! Chez moi y a que du charme, de l'intime, du glamour, de la French touch, des confessions, de la sueur des podiums, de la beauté en tube-en pâte-en spray-en veux-tu-en-voilà, Pffuuiii... j'en reviens pas moi-même.

 

 

11H00: Pardon! ELLE est connaisseuse, cette lectrice assidue qui se délecte de mon avant-dernière page, celle de l'horoscope.

ELLE est quoi la mémère? Balance? “Sensualité et mots d'amour. Vous sortez de votre léthargie”... je crains le pire!

Sûr qu'ELLE va s'prendre pour Marilyn, accélérer l'mouvement et me prendre à rebrousse-poil jusqu'à la page de garde à grands coups d'ongles acérés. Si jamais ELLE s'arrête sur Brad Pitt, on va finir écartelés sur le lit son Jules et moi!!

 

 

11H15: Bien griffé mais toujours vivant. Le Jules a rien d'un Brad Pitt et me sauve la mise avec une grosse gueulante :”Quand c'est qu'tu vas aller t'préparer? J'te rappelle qu'on bouffe à midi chez ta frangine!!”

 

 

11H16: On va s'préparer, on investit la salle de bains. L'humidité c'est pas mon truc.

Le pilou est tombé et j'ai pas envie d'finir avec l'eau du bain.

 

 

11H25: De la mousse jusqu'aux bigoudis, ELLE déguste la recette du moelleux façon “Carrot Cake”.

Pourquoi y mettent 50g d'orange confite? Est-ce que j'sais, moi? J'ai juste envie d'sortir du bain.

 

 

11H35: Comment ça? “Ils sont les premiers à quitter le navire” en quatre lettres! ELLE va quand même pas faire les mots croisés en barbotant!

 

 

11H40: Un puissant “Qu'est-ce que tu fous là-dedans, bordel?” provoque un tsunami dans la baignoire et je finis sur la carpette côté Charlène et ses futurs jumeaux... j'aurais pu tomber plus mal, en compagnie de Sabatier par exemple.

 

 

11H45: Le moteur de la Twingo rugit devant la porte, le toutou aussi.

ELLE n'en revient pas! Le prince Harry voudrait des implants capillaires! Qu'est ce que ça peut bien nous foutre? Si j'tenais celui qu' a écrit l'article... Euh, c'est un pote? Alors je prends sur moi.

 

 

11H48: Une chance sur deux qu'ELLE m'emmène déjeuner chez sa frangine. C'est un coup à changer d'crèmerie parce qu'un hebdo gaulé comme moi... ça se refile aussi vite que d'la daube à Saint Ouen.

 

 

11H50: Le Jules est sorti furax de sa Twingo et m'arrache des mains de ma lectrice de base.

Je vais finir écartel...

MON CLOSER!!!!!”

 

 

 

 

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 09:22

Publié aux Impromptus Littéraires 

 

  velars-sur-ouche-le-viaduc-1907-max.jpg

 

 

Elle prenait comme moi le 18h45 avec tous ceux qui comme nous - s'étant fait piéger par la douceur bucolique du canal et l'odeur enivrante des collines surchauffées - n'avaient comme planche de salut que les trois wagons brinquebalant du tortillard pour regagner la capitale bourguignonne.

Notre sauveur avait gardé le nom de Train des Pêcheurs, de l'époque où les dijonnais endimanchés ou chargés de leurs équipements débarquaient dans les gares de la vallée de l'Ouche jusqu'au terminus de Gissey-sur-Ouche pour venir taquiner le goujon ou la perche sur les bords du canal.

Aujourd'hui le petit train de la Côte d'Or vivait ses derniers instants...

Je ne sais pas pourquoi je m'étais laissé aller à lui raconter tout ça mais elle avait l'air si captivée dans sa jolie robe Vichy bleue assortie à deux grands yeux étonnés.

 

Elle avait abandonné sa Saône-et-Loire natale pour la première fois pour visiter une cousine le temps du week-end et s'inquiétait déjà de sa correspondance à Dijon pour Mâcon.

Ici elle était une cul-terreuse et cette expression bien de chez nous la fit éclater d'un rire cristallin!

Joliment garni son décolleté Vichy tressautait aux moindres cahots du wagon au point que je réalisai qu'on avait déjà passé la halte de Sainte-Marie et même la gare de Pont-de-Pany, soit la respectable distance de six kilomètres!

Mais on allait bientôt arriver au pont métallique qui franchit en biais le canal vers Fleurey, et il y avait de quoi raconter...

 

Autour de nous les voyageurs - repus d'un solide pique-nique et autant saoulés d'air vivifiant que d'aligoté - beucalaient et ronflaient à qui mieux mieux.

Je dirai que nous étions seuls au monde dans les remugles de fumée et de bourriches poissonneuses.

Un vacarme assourdissant de ferraille torturée annonçait la traversée du canal par le vieux pont métallique et elle dût incliner la tête vers moi pour m'entendre raconter. Cette intimité soudaine et l'ourlé délicat de son oreille achevèrent de me donner le virot.

Adieu poutrelles et rivets, péniches surchargées, fonderie de cloches et usine de moutarde... délaissant notre patrimoine, je plongeais effrontément dans le balcon d'une étrangère!

Une fois passé le pont, un silence tout relatif s'installa et sa main dans la mienne également.

 

Déjà le village de Velars et le viaduc de la Combe Bouchard se profilaient et le souvenir encore récent de la catastrophe ferroviaire de 62 ressurgissait à chaque fois que j'approchais du lieu.

Pourquoi gâcher un si bel instant en évoquant la terrible chute des treize voitures de l'express 53 et ses quarante morts?

Je me contentai de décrire le grand viaduc de pierre et la majesté de ses onze travées cramponnées à la roche à plus de quarante mètres de haut.

Elle buvait mes paroles, et moi ses grands yeux bleus.

Chaque secousse nous tarbeulait et nous rapprochait un peu plus sur l'étroite banquette de bois ciré.

Vindieu! Pourquoi ce tortillard allait-il si vite pour une fois? J'en venais à regretter une de ces pannes qui stoppait l'antique locomotive sur l'unique voie et nous laissait des heures sur le bas-côté en plein cagnard!

 

Une pression plus forte de ses doigts me sort de ma réflexion; elle s'extasie à la vue des tuiles vernissées d'un clocher annonçant l'arrivée toute proche dans la capitale des ducs de Bourgogne.

L'église Saint-Baudèle de Plombières-les-Dijon rutile aux rayons du grand sulot de Juillet.

Non, je n'ai rien à dire sur saint-Baudèle dont le nom la fait encore rire, de ce rire cristallin qui m'a envouté depuis notre départ.

Je ne lui parlerai pas des tuiles polychromes dont les dessins losangés décorent nombre de nos toits, ni d'oncle André et tante Henriette qui vécurent heureux dans l'ombre de cette église et chez qui j'allais si souvent.

Je veux juste profiter de ce voyage d'un autre temps avec ces doigts mêlés aux miens et cet océan bleu...

 

Terminus Dijon-Ville: A propos d'océan, nous n'avons rien vu des trente sept hectares du lac Kir.

Les voyageurs s'étirent. Comment peux t on dormir et se priver du spectacle de tels paysages champêtres?

Un berlodiau au pantalon déniapé déplie ses jambes en nous adressant un clin d'oeil goguenard:”Faut jarter les amoureux!”

Ma bouche a trouvé la sienne.

Ma jolie cul-terreuse plaque ma main fermement sur ses genoux découverts.

J'ai bougrement envie d'aller visiter Mâcon...

 


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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 13:00

Publié sur le site MilEtUne d'après les créations 'Fantasywire' de Robin Wight 

 

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Assez d'astéracées, assez de dent-de-lion

de tous ces voeux perdus, au vent disséminés,

quand la fée ficelée sera ratatinée

elle en aura fini de jouer les trublions!

 

A force d'entrelacs elle m'avait séduit

mais plus je la tordais plus elle s'esquivait

j'ai voulu la clouer, lui mettre des rivets

mais d'un battement d'ailes elle m'a éconduit.

 

Au creux de l'écheveau battait un coeur de pierre

sous sa toison de fer montaient des sortilèges

et dans chaque regard je voyais son manège.

 

Sous mes doigts était née une bombe incendiaire

avant de succomber de fièvre galopante

j'ai rompu la magie de ma pince coupante.


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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 07:00

Publié aux Défis Du Samedi d'après l'illustration suivante

 

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Ornant une demi-couronne de lauriers

trônent trois mots: travail, industrie et sciences

il est bien défraîchi mais c'était mon cahier

témoin de mes exploits et de mes défaillances.

 

J'y gardais les bons points âprement disputés

un buvard aux couleurs d'un fameux dentifrice

les pleins et les déliés d'une mine affutée

et les appréciations de notre directrice.

 

Dans ses pages flétries je cherche les odeurs

de l'encre d'autrefois, d'une gomme hévéa,

celle des roudoudous d'un voisin chapardeur.

 

Mais où sont ma candeur et mon insouciance

je crois les deviner à chaque alinéa.

Aux marges raturées je cherche mon enfance...

 


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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 12:57

Publié aux Impromptus Littéraires qui nous invitent cette semaine à nous allonger...

 

 

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Au début je parlais peu.

Et ELLE moins encore, si ce n'étaient ces “Oui et ensuite?” que sa bouche carmin susurrait sournoisement dans mon dos quand j'interrompais le grand déballage de mes lieux communs.

Oui et ensuite?”

Alors j'ai raconté Germaine et ses trois greffiers angora qui foutent du poil partout... pas tant les greffiers.

Je racontais nos vacances à Pornichet, l'appart de l'avenue du Littoral, le casino Partouche et puis la varicelle du gamin.

Oui et ensuite?”

Ensuite... il s'était gratté et on avait remplacé les bains de mer par des bains tièdes additionnés de farine d'avoine. Allez trouver de la farine d'avoine à Pornichet en plein mois d'Août!

ELLE était dotée d'une patience infinie et de deux jambes interminables qui finissaient au bord d'une micro-jupe moulante et qu'elle croisait et décroisait avec un petit bruissement soyeux des plus pernicieux...

Pendant ce temps je durcissais et mon fauteuil aussi, plus raide et plus inconfortable à mesure que je consultais.

Oui et ensuite?”

Ensuite j'ai évacué la farine d'avoine pour raconter le bureau, l'informatisation du fichier immobilier, la scannérisation du stock, les tickets restau et aussi cette soudaine promotion obtenue dans la douleur et l'écoeurement et qu'on appelle familièrement promotion-canapé.

Pour l'heure le sien était fait d'un vieux cuir crevassé et malgré son aspect fatigué par tant de fondements qui s'y étaient abandonnés, j'étais sûr de gagner au change.

Mais je devais le mériter - c'est ce qu'ELLE m'avait fait comprendre - quand j'aurais abandonné sur son paillasson tout ce fatras qui constituait mon 'Moi conscient' et qui m'empêchait de lâcher prise.

 

Lâcher prise... c'est pourtant ce que j'avais fini par faire dans les bras vigoureux de mademoiselle Gagnepain, Chef du service informatique à la Conservation des Hypothèques et je n'omis aucun détail des dispositions de l'article L.123-1 du Code du Travail même si les “Oui et ensuite?” avaient cessé et que les jambes interminables ne bougeaient plus.

Bizarrement je n'avais pas honte de ce déballage, de cet indécent strip-tease que j'exécutais juste pour ELLE dans la douce intimité de son appartement.

Habiter à deux étages au dessus de sa psychothérapeute peut présenter quelque avantage mais aussi des inconvénients.

Car j'y venais maintenant chaque jour - sauf le samedi à cause des réunions du club de scrabble et des courses au Mammouth avec Germaine – et je constatai que je parlais moins du fait qu'ELLE parlait de plus en plus.

Certes j'étais phobique, névrosé, limite parano mais bien moins qu'ELLE.

J'aurais été tellement déçu de la savoir normale!

Je me surpris même une fois, à lui lancer un “Oui et ensuite?” qui ne l'offusqua aucunement.

 

Un jour où j'arrivai en retard - essayez de descendre deux étages quatre à quatre - je butai sur un foutoir devant sa porte qui s'avéra plus tard être son 'Moi conscient' à ELLE - c'est à dire son 'Soi conscient' - bref, je réalisai en la trouvant alanguie sur le canapé que j'étais définitivement guéri.

Pour me conforter dans cette idée, je la gratifiai d'un “Je vous aime” éperdu qui acheva de la transformer.

ELLE commençait à renouer avec son statut d'enfant et s'abandonnait sans pudeur; c'est du moins ce qu'ELLE tenta de m'expliquer mais je ne l'écoutais plus. L'enfant qu'ELLE était redevenue gardait de sublimes jambes et comme elle achevait de se débarrasser de tous ces oripeaux qui n'étaient pas ELLE, je la trouvai nue et en fis tout autant...

Ne croyez pas tout ce qu'on dit à propos du passage à l'acte entre un psy et son patient, j'ai lu tant de choses sur les idylles de divan... et ce jour-là il ne se passa rien sinon qu'il ne me restait plus qu'à emménager chez Georges et c'est ce que j'ai fait le soir même.

 

D'autres que moi auraient fui mais Georges Sand n'était-elle pas d'abord une femme? Chopin pouvait en témoigner même s'il en doutât au début de leur relation.

Oui et ensuite” me direz-vous “que vient faire là, Chopin? Il serait interessant d'en parler”

Et bien, parlons-en.

Georges adore Chopin, ELLE en est folle et ne s'endort qu'avec la ritournelle de sa nocturne en mi bémol majeur au dessus de son lit rose.

Je fais preuve à mon tour d'une patience infinie car je sais bien qu'un jour ELLE cessera de m'appeler Papa.

 

 

 

 

 

 

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 13:54

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après le tableau de Anders Zorn

 

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Filez dans vos chambres!”

Ca se terminait toujours pareil avec le père, sauf qu'on n'avait qu'une chambre pour ma connasse de soeur et moi-même.

On lui en faisait voir de toutes les couleurs au vieux mais s'il avait été moins maniaque avec tout son fourbi, ses chevalets, ses tubes et sa forêt de pinceaux on lui aurait foutu la paix... et puis les artistes c'est ombrageux, caractériel et plein de manies bizarres... tout ce que je déteste.

On détestait aussi toutes ces filles grasses qui venaient poser des soirées entières dans le petit salon qui faisait office d'atelier et repartaient à l'aube en nous réveillant d'un claquement de porte.


Filez vous coucher!”

Cette fois-là on avait fait fort, ma connasse de soeur et moi.

On avait frotté deux ou trois toiles vierges au papier de verre, collé les pinceaux dans un pot de glu et ajouté notre signature - on signait LDS pour les demoiselles Schwartz - au bas de sa dernière aquarelle.

Pas de quoi en faire un drame.

Il avait peu apprécié et était devenu cinabre, limite vermillon. Faut dire qu'il était en pleine période rouge dont il barbouillait les mamelles et les culs qui débordaient de ses toiles.

 

Filez dans vos chambres!”

Autrefois il nous aurait pris sur ses genoux sous le regard attendri de la mère, délaissant quelque marine turquoise ou quelque nature morte pour nous chatouiller de sa barbe rêche et nous faire rire aux éclats.

Et puis la mère était partie, laissant l'artiste désemparé et le pinceau sec.

Depuis il n'était plus jamais entré dans notre chambre qui recelait tout ce qu'on pouvait faucher dans l'atelier, surtout ma connasse de soeur.

Chacune à son chevalet, on retouchait à notre façon les toiles chapardées, anémiant les corps, ajoutant qui un nez rouge, qui un gros braquemard à nos ennemies, ces poufiasses rougeaudes alanguies sur la toile.

On en extorquait mille couronnes suédoises à un illuminé qui prétendait que l'impressionnisme était mort et que nos oeuvres avant-gardistes feraient sa fortune d'ici quelques années!

De quoi nous offrir des toilettes, du parfum et ces petites flasques d'aquavit qui nous mettaient cul par dessus tête, surtout ma connasse de soeur.

Le vieux fatiguait et peignait plus rarement - trop occupé à titiller laborieusement ses modèles - et comme on manquait de matière première on s'était mises à improviser, surtout ma connasse de soeur.

Ce furent d'abord des petits cubes puis des cônes, des sphères et des cylindres... enfin des trucs à la noix.

Autour de nous, ça ne parlait que de Matisse, Braque et un certain Picasso.

Un jour, elle a quitté notre chambre.

Connasse!


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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 07:00

Caser levantine, nummulitique, puchoir, travoul, freloche, courtauder et mutir dans l'histoire d'un vol dans un grand magasin, c'est pas de la tarte.

Si vous n'y comprenez rien, essayez vous même ou allez vous plaindre aux Défis Du Samedi!!

 

 

 

 

 

Ouatson exultait: “Ca y est, chef! On l'a serrée!”

L'inspecteur La Bavure n'avait jamais aimé finir sa daube froide et il rejeta le puchoir à la fois dans son caquelon et dans un geste d'agacement.

Venez-en au fait, mon vieux”

Figurez-vous qu'elle marchait au travoul, chef! C'est pas croyable, hein?”

Au quoi?”

C'est Ouatelse qui l'a fouillée et elle a trouvé un travoul dans son soutif, chef!”

Comprends rien... c'est quoi un travoul?”

J'étais comme vous chef... avant d'apprendre qu'un travoul c'est un machin qui sert à plier les lignes”

Des lignes? Vous avez serré une dealeuse?”

Euh... non chef! Des lignes de pêche... ça sert à plier les lignes de pêche! Un plioir si vous préférez en langage de sardinier ou d'morutier”

Attendez... vous êtes où là? A la criée de Rungis?”

Euh... non, chef. On est aux Galeries Lafayette, Boul'vard Haussmann”

Et qu'est-ce qu'on peut bien foutre aux Galeries avec un travoul?”

Attendez, chef!”

Mais la daube n'avait pas attendu et des échalotes nummilitiques figeaient dans leur vin rouge pétrifé...

L'inspecteur La Bavure soupira.

 

Elle avait aussi une grande freloche sur la tête et c'est ça qui nous a intrigués, chef”

Et en quoi c'est intrigant une freloche?”

Inspecteur! La freloche est interdite dans les lieux publics depuis qu'on est passés en vigilance niveau Deux!”

S'cusez-moi... j'avais zappé ça... et c'est quoi au juste une freloche?”

Euh... Ouatelse dit qu'ça ressemble à un filet à chignon mais bizarrement Levantine n'avait pas d'chignon!”

Le vent... quoi?”

Levantine, chef! J'vous ai pas dit qu'elle s'appellait Levantine... Levantine Pétasse!”

C'est quoi comme origine, Levantine? Egyptien, jordanien?”

J'crois plutôt qu'c'est d'origine verlan, chef... une déformation d'Valentine. Se faire serrer quand on s'prénomme Valentine, c'est un peu relou quand on s'appelle déjà Pétasse, non?”

J'en conviens... autre chose, Ouatson?”

Les échalotes fossilisaient au fond du caquelon.

 

Oui chef. Cette Pétasse porte plainte, rapport au fait qu'on l'aurait un peu voire beaucoup courtaudée!”

Vous l'auriez courtaudée? Pour qui elle se prend la Valentine? Est-ce qu'on est seulement formés pour courtauder au 36 Quai des Oeufs Frais?”

Bien sûr que non, chef! Si on savait courtauder, j'dis pas, mais là... non. On l'a juste serrée, si vous voyez c'que j'veux dire”

Mais vous l'avez serrée légalement ou un peu plus que légalement?”

C'est pas l'envie d'la mutir qui nous manquait chef, mais on l'a juste serrée, croyez-moi!”

Au fait, elle avait volé quoi?”

Euh... rien chef. Elle a pas eu l'temps. Et pis faucher un truc au rayon des cocottes en fonte, c'est pas c'qu'y a d'plus discret! Elle avait p't'être l'intention d'mijoter d'la daube, chef?”

Et vous trouvez ça drôle?”

(Clic)

L'inspecteur La Bavure tenta de se persuader qu'un ragoût est toujours meilleur réchauffé...

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 07:30

Publié aux Impromptus Littéraires

 

balcony.gif

 

 

Moi Léon Montaigu, moulé de bleu, obscène

et Fatou Capulet de pourpre fagotée

avions été poussés à jouer cette scène

devant tous les parents à la fête d'été.

 

Elle portait si bien ces ailes de l'amour

qu'elle avait découpées dans du polystyrène,

je n'étais qu'un puceau, imberbe troubadour

j'étais le taurillon que l'on mène aux arènes.

 

Je bredouillai mes mots tout à la queuleuleu

que personne n'ouïssait, la main en chasse-mouches.

« Oh! gentil Roméo, si tu m'aimes, dis-le »

explosa t elle enfin en me prenant la bouche.

 

Au décor du jardin je crois avoir buté

je me suis accroché aux ailes entoilées,

contre moi je sentais deux roberts effrontés

qui frémissaient autant que mon coeur ébranlé.

 

« L'amour c'est la fumée qu'exhalent les soupirs »

avait affabulé le singulier Shakespeare,

celle qui m'asphyxiait montait d'un projecteur

j'aurais dû déclamer: »Avançez l'extincteur ! »

 

Dans mon collant roussi, je gagnai la coulisse

Juliette riait, saluait, shakespearienne

ce jour jusqu'à la lie, j'avais bu le calice

mais je n'oublierai pas ses lèvres sur les miennes...

 


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  • : Le blog de Vegas-sur-Sarthe
  • : Même grasse, la risette du Mans n'a jamais fait de mal à personne (Vegas sur sarthe) . Parce que "Ne rien dire, nuit gravement à la santé", voici mon actualité d'un jour, mes écrits, mes participations aux ateliers d'écriture. Entre la Route de la rillette et Las Vegas Boulevard, le petit monde d'un papi qui s'amuse !
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